La différence entre le Chan et le Zen

hsuyun

 

http://chanbuddhismuk.proboards.com/post/2813

Un très bel article écrit par Shi Da Dao , extrait :

 » As moral discipline (sila) is the foundation of good quality meditation (dhyana), no enlightenment (prajna) could be realised. The Japanese abandonment of the Vinaya Discipline was the abandonment of the heart of Ch’an Buddhism. In the early 1950’s, Master Xu Yun persuaded the new government of China to integrate the Buddhist Vinaya Discipline into its secular law, and make it a matter of ‘legal’ responsibility for individual Buddhist monks and nuns in China to uphold the Vinaya Discipline. This secular requirement also means that no Buddhist group, lineage or school in China can unilaterally decide to ‘abandon’ the practice of the Vinaya Discipline. As modern Japan continues its historical abandonment of the Vinaya Discipline, it is obvious that contemporary Chinese Ch’an Buddhism is very different in practice to Japanese Zen Buddhism. This distinction is further compounded by the divergent practises developed by the Japanese Rinzai and Soto Zen Schools, that are neither practised or recognised as ‘valid’ within the Chinese Buddhist cultural milieu. Of course, this does not necessarily mean that there are no authentic Zen Buddhists in Japan or the West, as there undoubtedly are, but these practitioners understand the purpose of the Vinaya Discipline and voluntarily apply its strictures to their daily practice. On the other hand, although Ch’an does not distinguish in essence between a monastic and a lay person (as both emerge equally from the empty mind ground, and can both realise enlightenment), nevertheless, it is also true that a ‘monastic’ is a monastic, and a ‘lay person’ is a lay person. The former follows all the Vinaya Discipline, whilst the latter follows only a small part of the Vinaya Discipline. There does exist legitimate Zen Buddhism in Japan, but this is not the same as the Japanese Zen that spread across the globe following WWII. The corruption of this kind of Zen has been noted by a number of academics, including Thomas Cleary. Needless to say, the traditional Chinese Ch’an Buddhist – Master Xu Yun – had no formal or informal ties or connections to Japanese Zen Buddhism, and never practised (or advocated others to practice) a Japanese Zen that does not follow the Vinaya Disciple, and which deviates from established Ch’an practice. « 

Poèmes du Maître Hsu-Yun

Traduit de l’anglais par D. Galuchon

 

Un temps de régulation

 

Quelle chance!
Une chance de pratiquer le Suprême Dharma du Vide
sans craindre d’ être envahi par les folles
affaires du monde extérieur.

Fixe donc un temps pour s’ asseoir!
Fais-le durer de l’ écart qu’ il faut
à un bâton d’ encens de rose pour se consumer.
En ce même laps de temps, nous pourrons enfiler les principes
de base du Bouddhisme en un joli collier de perles.
Un à un, ces merveilleux concepts nous arrivent de l’ Ouest
pour venir enchanter nos oreilles ici, en ce pays de l’ Est.

Dans notre Temple, nous touchons ces perles sacrées
et chantons leur louange comme la prière des vagues de l’ océan.

 

 

 

 
Contemplant le mont GU après la pluie du soir

 

La montagne commence à s’ éveiller peu à peu,
encore toute mouillée après une pluie si ennivrante.
Une froide lumière s’ infiltre jusqu’ à l’ endroit où je siège.
La brume indécise s’ assemble pour emmailloter les arbres de lait,
tandis que le soleil couchant maquille de roux les collines lointaines.

J’ entends siffler le bûcheron qui coupe ses petites branches
et le chant du pêcheur en train d’ arracher ses hameçons
puis la cloche du temple, qui sonne là-bas loin au-delà des nuages.
Surprises, les grues s’ envolent dans un flapottis d’ ailes.

 

 

 

  La Montagne des dix mille Bouddhas – grotte de la Fleur Rouge

 

Aux jours d’ antan on appellait cet endroit: grotte de la Fleur Rouge.
Maintenant cela s’ appelle: Montagne des dix mille Bouddhas.
Des visiteurs viennent ici pour jouer aux échecs
et écouter la pluie dilluvienne à l’ abri dans leurs huttes calfeutrées.

La beauté des milles pics emplit toujours cette grotte.
Des cours d’ eau s’ y déversent
et les étangs tournoient neuf fois en s’ y formant.
Dans la campagne environnant rôdent des tigres.
Là-haut, les pins se dressent dans le ciel comme à l’ époque des Han.

L’ Esprit Dragon virevolte encore dans la pluie sombre,
mais seules des visions féeriques blanches dansent à la Porte de l’ éveil Chan.
Les Sangha s’ assemblent au-delà du ciel azuré.
Les Sangha passent leur temps libre dans les nuages blancs.

 

 

 

 

Le Seuil du Sentier

 

Il y a tant de gens qui arrivent à cette salle pour pratiquer.
Combien portent sur eux cette longue epée,
l’ epée de la Confiance aux Cieux ?

Tout doit être taillé en pièces,
les Saints, les démons, tout !
Du sang doit être aspergé sur toutes les maisons des cieux.

C’ est l’ Enseignement en Direct !
Tirez et débarrez ces portes dorées sur
le Profond qui garde le Seuil du Sentier.

Soyez féroces quand vous êtes assis !
Transformez votre sit-in une lame qui taille à travers
la gungle de l’ incompréhension.
Laissez votre regard percer le Vide !
Exposez le Vrai Visage
Celui qui était le vôtre avant que votre mère ne vous donne naissance.

 

 

 

  Ecrivant un poème chanté sur Fu Guo qui rêve de l’ océan

 

Les poèmes expriment les sentiments d’ une personne,
et ceci peut se révéler être un gain comme une perte.
Un instructeur se sert de l’ allégorie pour transmettre le sens,
et la métaphore rends plus facile de parler de la verité.
Ainsi ce vieil homme moisi utilise sa plume et son encre pour expliquer.

Toute ma vie j’ ai été vain et ennuyeux.
Quelquefois je voyais une chose et je disais: comme c`est merveilleux.
Ensuite je réalisais que je désignais simplement un fait,
qui était tout aussi évident que la lune

 

 

Un seul Coeur.

 

Contemple le Vide, les métamorphoses illusoires de ce monde.
Pénètre le Vide. D’ autres l’ ont fait aussi. Ce n’ est pas si difficile.
Il y-t-il un endroit innaccessible à qui se donne la peine de faire l’ effort ?
Ne soit pas laissé derriere parce que tu a mal compris ce fait.

Viens, laisses-moi te frapper sur la tête avec mon bâton !
Tais-toi, visage idiot! Cesses de parler pour une minute !
Ne sois pas si vite a répliquer !
Le mystère est si exquis ! On ne peut en parler !

Oui, je récite le nom du Bouddha … ou est-ce le Bouddha qui récite le mien ?
De toutes facons, qu’ est que réciter ?
Il n’ y a qu’ un Coeur et Il est dans le Pays de la Pureté.
Le Bouddha est ma nature véritable.

Le Bouddha et moi, nous sommes Un, pas deux ! Et toi aussi !
Tu chantes ceci ! Tu est cela !
Viens, aggrippes-toi à cette réalite ! Ne sois pas aspiré dans l’ illusion.
L’ histoire n’ est qu’ un mensonge sans fin.

Fais qu’ aujourd’ hui soit le jour où nuages et brouillard se sont envolés.
N’ en laisses pas demeurer la moindre volute.
Garde ton corps en vie ici, mais maintiens ton esprit évanescent.
Vois à ce que, quand il sera liberé,
il ne puisse pas retomber dans ses anciens sillons familiers.

 

 

 

 

 

Faisant l’ éloge du citoyen Kuansheng pour avoir tenu bon

 

Le lièvre rusé se cache dans son terrier,
puis, ayant besoin de nourriture, en sort soudainement.
Voila comment nous nous élancons tous vers notre destin.
Paniqués par le chasseur, nous cherchons refuge,
pour finalement foncer en plein dans ses filets.

Quelqu’ un de sage reste en arrière et observe tout ca.

Quelqu’ un de sensé devrait choisir sa propre stratégie.

S’ il doit foncer, qu’ il fonce donc comme la grue,
filant dans les nuages. Là il n’ y a pas de filet !
Oui, la sécurite du ciel. Voilà où il trouve une liberté durable.

 

 

 

 

Tirades spontanées à la demande du citoyen Qu Wenliu

 

Je veux que tu accomplisse le dessein des hautes montagnes:
devenir indépendant et observer le ciel intérieur.
Oui, aussi solide qu’ un montagne !
Si tu veux enjoliver l’ intérieur,
tu ne dois pas y pénétrer seulement avec ton nez.

Tu pourrais assimiler les doctrines des Trois véhicules,
mais ne se résumeraient-elles pas à une seule voie … le Chan ?
Alors approprie-toi la force de ce Chan ! Avance avec lui !
Dépasse les distinctions que tu fais entre toi et tout le reste !
Sors du sillon des années ! Chante avec la plénitude de ton coeur !
Agenouille-toi dans une méditation orientée vers le but !
Et dans un moment, tu entreras dans cette montagne.

 

 

 

  Pour Maître Miao Ming

 

On dirait qu’ on venait juste de se rencontrer
lorsqu’ il a fallu se quitter précipitamment.
Durant toute la matinée, je n’ avais plus un mot à dire.
Mais de votre mordante lecon sur « l’ esprit direct »,
j’ avais attrapé cette précieuse stalactite.
Alors j’ ai vu cet espace vide que vous aviez mis à découvert !

Je n’ embellirai pas. Pas besoin de sauce. Ni de saveur additionnelle.
Ca ne requiert aucun effort des yeux, des oreilles, du nez ou de la langue.
C’ était juste cette pointe. La pointe de votre pinceau !
Et puis il y avait le disque de la lune et le monde, clair et propre !

 

 

Rendant visite à l’Ancien Taoiste Zhenying au Mont Emei

 

Liberé par sa vertu, ce vieil ami à moi
a pleine confiance en la Voie et est heureux dans les bois et près des rivières.

Pendant qu’ il est assis en méditation
il voyage au pays de « plus de doutes ».
Pendant qu’ il vit dans la discipline de la pauvreté,
il atteint tout ce qui a de la valeur sous les cieux.

Il respire et dissous la barrière entre distance et temps.
Il écrit et son pinceau pénètre les nuages et la fumée.

Avec un rire impulsif il se dispense des conundrums doctrinaux.
Avec son incapacité habituelle à distinguer entre profond et peu profond,
il accomplit le Chan.

Poèmes du Maître Hsu-Yun (Traduit de l’anglais par D. Galuchon)

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  Chant des impressions du Coeur 

Voici une vérité exquise:
les Saints et les gens ordinaires proviennent d`un même terroir.

Eventuellement une différence va s`imposer entre eux:
on n’ emprunte pas du fil si on possède une corde solide.

Eventuellement le Dharma sera assimilé du coeur.
Après la pluie les couleurs de la montagne s’ intensifient.

Quand tu seras familier avec les fins illusoires de la destinée, ton encrier contiendra tout ce qu’ il faut savoir sur le vie et la mort.

 
La Quête de la Vérité.  

1.
Fais l’ expérience du Chan ! Il n’ est pas mystérieux.
Selon moi, tout se ramène à la doctrine de cause et effet.
Hors de l’ esprit, point de Dharma.
Comment peut-tu parler d’ un paradis dans l’ au-delà?

2.
Fais l’ expérience du Chan ! Il n’ est pas l’ apprentissage d’ une leçon.
Apprendre c’ est additionner des choses qu’ on peut ensuite discuter et fouiller.
Les impressions subtiles ne peuvent être communiquées.
L’ illumination est l’ unique médium de transmission.

3.
Fais l’ expérience du Chan ! Il n’ est pas une suite de questions.
Trop de questions font un Chan maladif.
Observe la rumeur du monde, voila qui est mieux.
La réponse à ta question ? Demande à ton coeur.

4.
Fais l’ expérience du Chan ! Il n’est pas l’ enseignement de disciples.
Ces orateurs ne sont que des invités au dehors des portes.
Le Chan dont vous avez envie d’ entendre parler,
c’ est plutôt des histoires de tortues qui se changent en poissons.

5.
Fais l’ expérience du Chan ! Il ne peut être décrit.
Si tu le décris, tu passes a côté.
Quand tu découvres que tes preuves sont sans fondements,
tu réalise aussi que tes mots ne sont que poussière.

6.
Fais l’ expérience du Chan ! C’ est faire l’ expérience de ta propre nature !
Suit le courant partout et toujours.
Quand tu ne feins point, et ne perds pas de temps à le frotter ou à le polir,
ton Soi Original va irradier, plus clair que la lumière.

7.
Fais l’ expérience du Chan ! C’ est comme récolter des trésors,
pour les donner aux autres. Tu n’ en as pas besoin.
Soudainement, tout va apparaître devant toi,
tout à la fois complet et tout àla fois achevé.

8.
Fais l’ expérience du Chan ! Deviens un disciple qui,
lorsqu’ il est accepté, apprends à donner sa vie et sa mort.
Comprenant bien ceci, il en vient à discerner clairement, et alors,
il rit juqu’ à en faire tomber les ascètes des Montagnes Froides.

9.
Fais l’ expérience du Chan ! Il demande un grand scepticisme,
Mais un grand scepticisme bouche tous les détours sur la route.
Redescends des mystérieuses cimes de ton savoir,
remue ciel et terre sens dessus dessous.

10.
Fais l’ expérience du Chan ! Ignore tous ces superstitieux insensés,
qui prétendent avoir atteint le Chan.
Les folles croyances sont le lot de ceux qui ne sont pas encore éveillés,
et ce sont eux qui ont le plus besoin de faire l’ expérience du Chan.

11.
Fais l’ expérience du Chan ! Il n’ y a ni intimité ni distance.
L’ observation est comme un trésor de famille.
Que ce soit avec les yeux, les oreilles, le corps, le nez ou la langue –
difficile de dire lequel est le plus étonnant à utiliser.

12.
Fais l’ expérience du Chan ! Il n’ y a pas de différence de classe.
Celui qui se prosterne, et celui devant qui on se prosterne
sont tous les deux Bouddha.
L’ attelage et la courroie sont liés l’ un à l’ autre.
N’ est-ce pas notre premier principe …
celui que nous devrions observer le plus ?

        Vivre en montagne.

Vivre en montagne! Là-bas, il y a un sens profond.
C’ est un endroit ou ton esprit s’ ouvre sans limites.
Appuyé sur le tronc d’ un pin en guise d’ oreiller,
éveilles-toi de ta sieste et fais un peu de thé.

Vivre en montagne! Aucun invité ne viendra.
Le sentier qui traverse la clairière de bambou
est ensevelli dans la fumée et le brouillard..
En avant, près de la porte coule une source limpide. Vivre en montagne! Le printemps arrive si tôt. Comment peut-t-il s’ élever quelque obtacle ?

Fort de ce principe
Bodhidharma était rassuré.